LANZHOU > ÜRÜMQI

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2014 | CHINE

Voyage
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  • Distance du parcours : 1,785 km
  • Nom du train : FUXING HAO

Voyager sur la ligne à grande vitesse LanzhouÜrümqi procure un dépaysement assuré. Le train emprunte l’un des tracés de la mythique route de la soie, grande voie de passage vers l’Asie centrale. Vallées fertiles, étendues désertiques à perte de vue, montagnes couvertes de neige… les paysages somptueux sont ponctués d’arrêts dans d’anciennes oasis devenues de grandes cités. Cette ligne, inaugurée en 2014, fait partie des grands projets de développement engagés par le gouvernement dès le début des années 2000, pour mieux intégrer les régions de l’Ouest dans le territoire de la Chine. En raison du relief accidenté et des conditions climatiques extrêmes des régions traversées, la construction de cette ligne a été un exploit technique et humain.

Au départ de Lanzhou

Stratégiquement placée de part et d’autre du Huang He – le fleuve Jaune, qui doit son nom à sa forte concentration en limon –, Lanzhou est une ville balayée par les vents. Centre d’échange des produits agricoles de la région, elle est renommée pour ses exploitations fruitières et sa production de colza, de légumes et de coton. Au nord du fleuve, la colline de la Pagode blanche est accessible en téléphérique ou en gravissant des marches taillées dans la roche. Elle accueille maisons de thé, mosquées et pavillons. Au sud de la ville, le parc des Cinq Sources constitue une belle promenade. Au coeur du parc, les sources qui alimentent la ville sont entourées d’une végétation luxuriante, de plusieurs temples, de pavillons et de piscines naturelles. Le voyage commence dans l’immense gare de Lanzhou-Ouest, inaugurée en 2014 en même temps que la ligne à grande vitesse.

Une ligne à cheval sur deux provinces

Cette ligne qui s’étire d’est en ouest s’appelle Lan-Xin – « Lan » pour Lanzhou, « Xin » pour Xinjiang. Les travaux, débutés en 2009, se sont achevés cinq ans plus tard et 1 785 kilomètres plus loin. Trenteneuf gares ponctuent la voie qui traverse deux provinces, le Gansu et le Xinjiang. Cette dernière partage ses frontières avec huit pays d’Asie centrale. Le Xinjiang compte 24 millions d’habitants, ce qui est peu par rapport aux autres provinces chinoises.

→ Un CRH traversant le fleuve Jaune sur le viaduc de Bapanxia, à l’ouest de Lanzhou.

Lanzhou-Ürümqi, le voyage

Après Lanzhou, le train file sur le plateau désertique des monts Qilian, à des altitudes dépassant parfois les 3 000 mètres. Cette imposante chaîne de montagnes couronnées de neige semble irréelle. Puis la ligne s’engouffre dans l’étroit couloir du Hexi, long de 1 000 kilomètres, enserré entre les plateaux tibétains et mongols. De Xining, on peut se rendre au lac de Qinghar, immense étendue salée bleu-vert d’une pureté surnaturelle. La ville de Zhangye, couverte de gratte-ciel, offre un contraste saisissant avec le parc naturel de Danxia qui, à quelques kilomètres de là, abrite un incroyable millefeuille de formations rocheuses colorées. Puis le train s’engage dans le désert de Gobi, où l’on aperçoit de temps à autre quelques groupes d’éoliennes. À Jiayuguan s’élève une imposante forteresse de l’époque Ming, dernier bastion de la Chine impériale qui contrôlait l’unique voie entre la Chine et les déserts d’Asie centrale. À proximité se dresse l’extrémité ouest de la Grande Muraille, dont un pan a été restauré. De Jiayuguan, il est conseillé de faire un détour par l’oasis de Dunhuang, entourée par un majestueux cordon de dunes.

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L’attraction principale se trouve à quelques kilomètres, dans les grottes de Mogao. Là, des centaines de niches creusées dans la roche abritent un ensemble de fresques bouddhiques uniques, dont certaines datent du IVe siècle. Le train traverse le Xinjiang, la plus occidentale des provinces chinoises, où vit une mosaïque de populations : Ouïgours, Hans, Kirghizs, Kazakhs. Dans ce paysage de steppes, des milliers de graminées faseillent au vent. Turfan, située à 150 mètres en dessous de la mer, est également une ancienne oasis sur la route de la soie. Elle abrite une mosquée flanquée d’un gracieux minaret tout en briques et en rondeurs. Au nord de la cité s’étend la Vallée du raisin, tapie au pied de montagnes de grès rouge. La ligne traverse ensuite le bassin du Tarim et son décor lunaire, puis le col de Baiyang He. Le train achève sa course dans une vallée verdoyante étonnante après les grands espaces désertiques et atteint son terminus : Ürümqi.

→ La nouvelle gare de Xining.

Des conditions extrêmes

Des altitudes comprises entre 0 et 3 600 mètres, des températures glaciales en hiver et brûlantes en été, des passages en plein désert avec parfois des tempêtes de sable… la construction de la ligne Lanzhou-Ürümqi, sur laquelle les trains roulent à 250 km/h, s’est révélée un véritable défi technique et humain. Il a fallu prendre en compte les violentes rafales pouvant atteindre 60 m/s, élever des murs coupe-vent en béton armé, et construire un tunnel de 1,2 kilomètre dans la partie la plus exposée. Dans certaines zones, les écarts de température entre le jour et la nuit peuvent aller jusqu’à 80 °C, avec des températures nocturnes avoisinant les – 40 °C. Aussi, les voies sur dalle, sensibles aux fissures dues à l’amplitude thermique, ont-elles été divisées en segments, entre lesquels ont été insérés des joints de dilatation.

Pour parer au gel et aux infiltrations des eaux souterraines des montagnes du Qilian, les tunnels sont recouverts d’un parement semblable à une veste matelassée en coton. Des étais, du ciment colle et du béton projeté sont utilisés pour résister aux déformations engendrées par ces conditions climatiques extrêmes.
Enfin, pour éviter le site de la Grande muraille à Jiayuguan, la ligne passe à 20 mètres sous terre grâce à un long tunnel. Les travaux ont occasionné des fouilles archéologiques et la mise en place de protections contre les vibrations des trains lancés à pleine vitesse.

Formations en ingénierie

Un grand nombre d’ingénieurs ferroviaires sont formés annuellement à Lanzhou. L’ancienne université des chemins de fer est devenue en 2003 l’université de Lanzhou Jiaotong. Cette institution réputée forme ingénieurs et managers pour les chemins de fer et les transports. Pékin, Shanghai et Chengdu, entre autres, ont aussi leur université de formation aux métiers du transport.

Des trains à toute épreuve

Les trains CRH, entièrement conçus dans les usines chinoises, autorisent les constructeurs à faire quasiment du sur-mesure en fonction des lignes. C’est le cas de la liaison Lanzhou-Ürümqi qui cumule des conditions extrêmes. Les performances des trains à grande vitesse CRH5G ont donc été améliorées sur cette ligne afin de répondre à des problématiques spécifiques : conditions climatiques difficiles, sols gelés, zones montagneuses ou désertiques, écarts de température extrêmes, vents traversiers violents, tempêtes de sable, radiations ultraviolettes intenses. Enfin, la résistance de ces trains leur permet de parcourir des distances particulièrement longues.

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Le CRH5G, au long nez et à la robe blanche élégante soulignée d’un trait bleu, comporte huit voitures, dont cinq sont automotrices, et une cabine à chaque extrémité. Il possède une voiture de première classe et une voiture adaptée aux handicapés. Chaque train offre 613 places assises au total.

→ Un CRH à quai.

L’arrivée à Ürümqi

Son nom signifie « beaux pâturages ». Aux confins du Nord-Ouest chinois, la capitale de la province autonome du Xinjiang s’étire dans une plaine fertile, à l’ombre du massif des Tian Shan. Ville moderne aux inévitables gratte-ciel, cette oasis urbaine tire ses ressources de l’exploitation minière et du pétrole. Elle abrite un musée passionnant qui retrace l’histoire des routes de la soie ainsi qu’un bazar animé. Cent kilomètres à l’est, Tian Chi, le lac Céleste, est une destination à ne pas manquer. Situé à 2 000 mètres d’altitude, ses eaux d’un bleu profond reflètent des sommets enneigés et des prairies où paissent de nombreux yacks. La gare ultramoderne, inaugurée en 2016, accueille les trains à grande vitesse.

Elle est aujourd’hui un noeud de correspondance essentiel pour le réseau ferroviaire du Xinjiang. L’édifice, ponctué de hauts piliers soutenant la voûte du toit, peut accueillir jusqu’à 8 000 personnes.

Rapprocher les provinces de l’Ouest

Vitrine de l’excellence économique chinoise, la grande vitesse est aussi un symbole de modernisation et un instrument géopolitique destiné à mieux intégrer les provinces de l’Ouest au reste du territoire. Depuis quelques années en effet, le gouvernement vise à rapprocher les régions lointaines du pouvoir central. En desservant des terres autrefois difficiles d’accès et une ville, Ürümqi, située à 3 800 kilomètres de Pékin et à 4 100 kilomètres de Shanghai, cette ligne à grande vitesse contribue à leur désenclavement. Elle constitue également un segment de la route de la soie vers Samarcande et l’ouest en général, reliant ainsi la province du Xinjiang et la Chine tout entière à l’Eurasie.

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Des ambitions internationales

Le chemin de fer chinois s’impose sur le marché ferroviaire mondial grâce à une offre fiable et une compétitivité réelle en termes de prix. Avec les transferts de technologie des constructeurs allemands, français ou japonais, la Chine détient aujourd’hui une filière industrielle nationale très performante et peut désormais exporter sa technologie dans le monde entier. Ses projets sont ambitieux : la Chine participe au chantier High Speed 2 du Royaume-Uni, vend du matériel roulant à la Turquie, à l’Ouzbékistan et à la République tchèque. Des projets d’interconnexion sont en cours entre la Chine et la Thaïlande, ainsi qu’avec le Laos. Dans le cadre du projet de la nouvelle route de la soie, la liaison Asie-Europe occidentale est envisagée en train à grande vitesse via le Kazakhstan, la Russie, la Biélorussie et la Pologne.


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