TOKYO > OSAKA

flag

1964 | Japon

Voyage
journey
Plus d'Infos
  • Distance du parcours : 515 km
  • Nom du train : Nozomi Shinkansen

Au pays de l’harmonie et de la sérénité, où mangas et robots côtoient des traditions millénaires, les Japonais vouent une réelle passion au train. Sur cet archipel entre Pacifique et mer du Japon, le chemin de fer structure le pays depuis 1872. Il est devenu un élément de son histoire et de sa culture. Dans ces paysages somptueux est né le Shinkansen, premier train au monde à circuler sur une ligne à grande vitesse entre Tokyo et Osaka, les deux plus grandes villes du pays. Symbole fort du bond en avant économique du Japon d’après-guerre et de sa puissance technologique, cette grande première a été une surprise et une source d’émulation pour le monde entier. Avec le Shinkansen, qui circule aujourd’hui à la fréquence d’un métro, Tokyo est à deux heures vingt-deux minutes de la gare de Shin-Osaka.

Au départ de Tokyo

À Tokyo, capitale du Japon, autoroutes et voies de chemin de fer serpentent entre les gratte-ciel. Cette ville démesurée est pourtant mondialement réputée pour sa qualité de vie et sa sûreté. Tentaculaire, elle mélange les genres sans complexe : enseignes lumineuses tape-à-l’oeil et shopping frénétique, paisibles ruelles et temples hors du temps, combats de sumo et cours d’origami, mariages en kimonos et lolitas ultra-lookées… Dans la métropole la plus peuplée du Japon – 13,8 millions d’habitants –, le calme et la sérénité ne sont pourtant jamais très loin, et circuler à vélo y est un vrai bonheur. Propreté, respect de chacun et sens inné du civisme caractérisent la vie quotidienne. On retrouve ce triptyque dans l’immense gare de Tokyo, l’une des plus importantes du réseau japonais,

où les mouvements de foule se font dans l’extrême courtoisie, tandis que les balisages bilingues – japonais, anglais – et l’encadrement du personnel permettent à chacun de retrouver son quai de départ. C’est ici qu’arrivent et repartent à intervalle de quelques minutes tous les Shinkansen des lignes est, ouest et nord, en plus d’un intense trafic de trains de banlieue. Des milliers de trains y transitent chaque jour.

La première ligne à grande vitesse du monde

La première ligne de chemin de fer japonaise est mise en service en 1872, avec des voies à é car tement étroit. Ce système, moins coûteux à la construction, va de pair avec une moindre capacité et une vitesse limitée. Avant le début des années 1940, le gouvernement cherche à augmenter la capacité de transport, mais la Seconde Guerre mondiale stoppe le projet alors à peine entamé. En 1959, la modernisation du pays est en marche et le train devient un outil indispensable pour accompagner son dé ve loppement, une priorité pour le gouvernement.
La révolution vient avec le Shinkansen, littéralement « nouveau chemin de fer », qui désigne à la fois le train rapide et l’infrastructure. La Shinkansen Tokaido, reliant Tokyo à Shin-Osaka à 210 km/h, naît le 1er octobre 1964, soit dix jours avant l’ouverture des Jeux olympiques de Tokyo. C’est la première ligne à grande vitesse du monde. Son succès est immédiat. Elle est exploitée par l’entreprise publique JNR (Japanese National Railways) jusqu’en 1987, date à laquelle la compagnie est découpée géographiquement en sept entités et privatisée. Désormais, la ligne Shinkansen Tokaido est exploitée par la compagnie JR Central. En 1967 débute le prolongement de cette voie vers l’ouest. La ligne Shinkansen Sanyo, qui relie la gare de Shin-Osaka à Hakata sur l’île de Kyushu, est inaugurée en 1975. En 2011, la ligne Shinkansen Kyushu prolonge le trajet jusqu’à Kagoshima-Chuo, à la pointe sud de l’île.

Pic
Pic
Pic
Pic

Tokyo-Osaka, le voyage

Tokyo, son interminable banlieue et ses gigantesques centres commerciaux ne se laissent pas quitter facilement. Le train longe la baie de Sagami et entre dans la région du Chûbu, partie centrale de l’île, aux paysages très contrastés. Au sud, les grands ports industriels tels Nagoya, Shimizu et Tagono-ura, et des villes côtières; au nord, les « Alpes japonaises » dont les sommets dépassent les 3 000 mètres. Par la fenêtre du Shinkansen, la vue du mont Fuji et de sa coiffe neigeuse dominant des champs de thé semble irréelle. Tout comme les maisons traditionnelles qui s’élèvent près des voies. Si Aichi est réputée pour ses usines automobiles Toyota, elle est moins connue pour sa recette très appréciée de l’anguille au feu de bois ou du porc au miso.

Les tours JR Central font partie de la gare de Nagoya, édifiée en 1999. Ce complexe est le plus important au monde dans sa catégorie, à la fois en hauteur et en superficie ! Les deux tours jumelles de plus de cinquante étages abritent notamment les bureaux de JR Central, la compagnie qui exploite la ligne. En sous-sol et dans les étages, des centaines de magasins et de restaurants attirent voyageurs et visiteurs. Puis c’est l’arrivée dans la région du Kansai, berceau de la civilisation japonaise, qui abrite une grande part des richesses culturelles de l’archipel. Le train circule dans une vaste plaine et s’arrête à Kyoto. Mille cinq cents temples bouddhistes, trois cents sanctuaires shintoïstes, des jardins à profusion… C’est, avec Nara, l’une des plus belles villes de l’Archipel, où tout n’est qu’ordre et harmonie. Réputée pour son université, Kyoto fut la capitale impériale, culturelle et spirituelle durant mille ans. De la gare, on admire l’immense Tour de Kyoto en face. Shin-Osaka est le terminus du parcours Shinkansen Tokaido.

Des spécificités adaptées au pays

Cette ligne de 515 kilomètres, dédiée exclusivement au transport des voyageurs, a vu le jour après cinq ans de chantier seulement. Créer une infrastructure pour des trains roulant à 210 km/h a été un exploit pour l’époque, tout comme la construction des nombreux ouvrages d’art.
C’est la première ligne à grande vitesse réalisée en site propre, sans passage à niveau. En cinquante ans, elle a connu plusieurs innovations technologiques. L’introduction de la série 300 en 1992 a permis à JR Central d’exploiter des trains à la vitesse commerciale de 270 km/h. Leur carrosserie légère en alliage d’aluminium, ainsi que leur système de freinage utilisant un courant alternatif de récupération d’énergie ont pu être réalisés grâce à un renforcement intégré de l’infrastructure et du matériel roulant.
Sur cette ligne, Kyoto s’est offert une gare monumentale. Ultramoderne, elle s’élève sur quinze étages et s’enfonce sur trois niveaux en sous-sol. Ses toits en damier s’inspirent de la disposition des ruelles anciennes de Kyoto. Toute en verre et acier, d’une hauteur spectaculaire, elle est traversée de passerelles métalliques et d’escalators vertigineux. Au quinzième étage, une terrasse avec jardin permet d’admirer la ville. La foule est dense, mais personne ne court. On déambule au coeur d’immenses centres commer ciaux, de boutiques de luxe et de petits commerces. La ville miniature propose même un hôtel de luxe et une salle de spectacles.

Scission et privatisation

Le réseau national (Japanese National Railways) a été scindé en sept compagnies privées : trois (JR Central, JR West, JR Est) se partagent l’île principale (Honshu), trois, les autres îles (Hokkaido, Kyushu, Shikoku) et une, transversale, est spécialisée dans le fret.

Pic
Pic
Pic
Pic
Pic
Pic

Les premiers Shinkansen

Admirés pour leur sûreté, leur rapidité, leur fiabilité et leur ponctualité, les Shinkansen ont acquis une aura mondiale. En 1964, tous les regards se sont portés sur ce premier train à grande vitesse habillé d’une élégante livrée blanc ivoire rehaussée d’un bandeau de fenêtres bleu. Son nez de canard prononcé semblait tout droit sorti d’un roman de science-fiction. Le N700A est le train qui opère aujourd’hui sur la ligne Shinkansen Tokaido. Un peu plus large que d’autres trains à grande vitesse comme le ICE allemand ou le TGV français, le Shinkansen N700A procure une impression d’espace. Après le bruit et la foule des gares, entrer dans une rame Shinkansen est quasiment une aventure sensorielle. On y est enveloppé dans un cocon de silence, à peine quelques chuchotements se font entendre. Le train devient une bulle. Dans les rames parfaitement entretenues, le personnel confirme cette douceur par ses saluts, ses uniformes impeccables et un service irréprochable.
Les Shinkansen de la ligne Tokyo-Osaka proposent deux classes : l’Ordinary Class et la Green Class.

Haut en couleur

Pour donner aux Japonais l’envie de se déplacer en train, la compagnie JR West décore en période d’été certains de ses Shinkansen aux couleurs de la plus mythique des figurines nationales : Hello Kitty. Pour ceux qui aiment le rose…
Le jaune vif est réservé à la livrée du train d’analyse à grande vitesse, qui ausculte le réseau Shinkansen environ tous les dix jours. Il est surnommé « Docteur Yellow ».

Pic
Pic
Pic
Pic

La première comporte cinq rangées de sièges, tous orientés dans le sens de la marche, inclinables et adaptables aux besoins de chaque passager. La seconde offre quatre rangées de sièges, plus larges encore. Les deux classes de service bénéficient d’accès Internet . Pas de voiture-bar mais de vrais coffrets repas, les ekiben, proposés lors du passage des chariots ambulants. Fier de son métier, le personnel est accessible, courtois et efficace. À quai, les employés gèrent les flux de voyageurs et saluent le train qui part. À l’intérieur des voitures, le personnel salue également les passagers en entrant ou en sortant. Le respect des engagements de service est aussi important que la ponctualité. Le N700A est le principal modèle de train qui circule aujourd’hui sur la ligne Shinkansen Tokaido. Les noms des trains de la famille des Shinkansen répondent selon leur destination aux jolis noms de Nozomi, « espoir » – c’est le plus rapide (deux heures dix entre les deux villes) des Shinkansen ; Hikari, « lumière », et Kodama, « écho », ce dernier s’arrêtant dans toutes les gares. En 2020, une version N700S ou « suprême » du Shinkansen verra le jour à l’occasion de la tenue des Jeux olympiques. Plus léger, plus économe en énergie et encore plus silencieux, son prototype a été dévoilé au grand public en mars 2018.

→ Shinkansen Tokaido, série N700A.

L’arrivée à Osaka

L’arrivée dans la deuxième métropole du Japon n’est pas soudaine, car sa périphérie ne fait qu’une avec celle de Kyoto. Ville cosmopolite, trépidante, parcourue d’autoroutes et de souterrains, Osaka joue un rôle essentiel dans le commerce avec la Chine et l’Asie du Sud-Est grâce à son port. Son château du XVIe siècle, maintes fois reconstruit, s’élève, intemporel, au milieu d’une profusion de gratte-ciel. Ses jardins reposants et ses théâtres contrastent avec certains quartiers très animés et bondés. Shin-Osaka est le terminus de la Shinkansen Tokaido ainsi que le point de départ de la Shinkansen Sanyo. La gare a été inaugurée en même temps que la première ligne à grande vitesse, en 1964. Elle est située à trois kilomètres au nord de la gare centrale d’Osaka, dans le quartier Yodogawa, connu pour son merveilleux feu d’artifice estival qui attire des dizaines de milliers de personnes près de la rivière.

L’effet Shinkansen

Aucun autre moyen de transport n’égale le train à grande vitesse au Japon. Ni l’avion, avec l’en clavement des aéroports, ni la voiture, compte tenu de l’encombrement des centres-villes et de leurs abords. La ligne Tokyo-Osaka, ouverte en 1964, a connu un succès immédiat, et la fréquentation des Shinkansen a dépassé toutes les prévisions dès la première année. La modernisation de l’archipel japonais doit beaucoup à ce train qui a permis de rapprocher ses quatre principales îles. En diminuant les temps de parcours, le Shinkansen a eu une influence certaine sur l’économie du Japon. Il a contribué à étendre l’aire d’activité des employés, et a facilité les affaires entre les deux grandes villes, Tokyo et Osaka. Preuve en est le fort pourcentage d’hommes d’affaires qui fréquentent la ligne : 68 %. Mais les bienfaits économiques du Shinkansen ne se limitent pas à une diminution de la longueur des voyages. La construction de cette ligne s’est accompagnée de programmes immobiliers le long des voies et a contribué au développement de cités, notamment en périphérie d’Osaka.
L’impact est remarquable également au niveau des gares, transformées en centres commerciaux où l’on trouve toutes sortes de restaurants, de magasins, de kiosques et autres boutiques. Les gares sont aussi devenues des espaces de divertissement et leurs abords profitent de cette attractivité nouvelle.

→ Un Shinkansen à quai dans la gare de Shin-Osaka.

La sustentation magnétique, le train du futur

Avec une mise en service entre Tokyo et Osaka prévue en 2045, le Japon sera le premier pays du monde à lancer le train à sustentation magnétique (SC Maglev). Afin d’améliorer la prévention contre les risques naturels, de faire face à la saturation de la ligne à grande vitesse existante et de moderniser l’infrastructure sans interrompre la circulation des trains, JR Central cherche à mettre en place de nouveaux modes de transport alternatifs au train. En 2027, Tokyo et Nagoya devraient être reliés en quarante minutes par le train du futur, à une vitesse d’exploitation maximale de 500 km/h. Lorsque la ligne sera prolongée jusqu’à Osaka en 2045, il faudra soixante-sept minutes pour relier les deux villes.

Les trains à sustentation magnétique ou « Maglev » – magnetic levitation – sont les plus rapides du monde à ce jour. Quand il atteint la vitesse de 150 km/h, le Maglev ne touche plus la voie. Il lévite, grâce à des aimants supraconducteurs embarqués et à des électro-aimants placés le long des rails qui maintiennent le train en hauteur, le guident latéralement et le projettent en avant.


une sélection de Lignes à Grande Vitesse
par date de création

Une sélection de Lignes à Grande Vitesse par pays