COLOGNE > FRANCFORT

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2002 | ALLEMAGNE

Voyage
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  • Distance du parcours : 180 km
  • Nom du train : ICE (Intercity Express)

Des hauts sommets des Alpes au sud, aux dunes de la mer Baltique au nord, l’Allemagne déroule ses fleuves majestueux, ses forêts romantiques, ses villages pittoresques. De quoi coloriser l’image industrielle souvent attachée à ce géant aux excellentes performances économiques.
Après la France et l’Italie, l’Allemagne est le troisième pays européen à avoir développé un ambitieux réseau interne de lignes à grande vitesse, constitué de voies rénovées ou nouvelles. Inaugurée en 2002, la ligne Cologne- Francfort, entièrement dédiée à la grande vitesse, relie deux grands centres urbains commerciaux et industriels. La vocation internationale de ces capitales régionales est également affirmée grâce à leurs liaisons ferroviaires avec Paris, Bruxelles, Amsterdam ou Zurich.

Au départ de Cologne

À Cologne (Köln), ville chaleureuse traversée par le Rhin, les flèches jumelles de la cathédrale attirent tous les regards. Achevé en 1880, six siècles après le début de sa construction, ce joyau du gothique flamboyant frappe par ses dimensions impressionnantes et sa décoration intérieure. L’ascension des 509 marches qui mènent au sommet de la tour est récompensée par une vue panoramique sur la ville et le fleuve. À deux pas, les berges du Rhin, bordées de façades colorées coiffées de pignons pointus, ont été réaménagées en promenades et jardins où il fait bon flâner et savourer une bière Kölsch, spécialité locale. En période estivale, le fleuve se prête à de nombreuses excursions. Ville culturelle, Cologne propose des dizaines de galeries d’art contemporain, des musées et de nombreux vestiges de son passé romain.

Son carnaval est réputé. Chaque année, le 11 novembre à 11 h 11, un vent de folie souffle sur la ville, jusqu’au mercredi des Cendres, cinq mois plus tard ! Déguisements en tous genres, orchestres improvisés, défilés de chars, fanfares et réunions associatives picaresques… le carnaval a ses moments forts et atteint son apogée durant la dernière semaine. La gare principale de Cologne, Köln Hauptbahnhof, est l’une des gares les plus actives d’Allemagne. Édifiée tout près de la cathédrale, elle offre un accès direct au centre-ville. Presque tous les trains à grande vitesse passent par le célèbre pont Hohenzollern à six voies, symbole de la cité, qui enjambe le Rhin. L’arrivée à Cologne est surprenante, car peu avant de bifurquer vers la gare, la ligne semble emporter le voyageur di rectement dans la cathédrale…

Vers une ligne à grande vitesse

Dans les années 1970, la Deutsche Bahn (DB) entame les premières études pour bâtir un réseau ferré à grande vitesse national, de Hambourg au nord, à Munich au sud. La crise du pétrole de 1973 ralentit le projet qui prévoyait de faire circuler des trains à 300 km/h. En 1991, deux lignes à grande vitesse, Mannheim-Stuttgart (107 kilomètres) et Hanovre-Wurtzbourg (327 kilomètres), dédiées aux passagers et au fret, sont mises en service pour des rames roulant à une vitesse maximale de 250 km/h. En 1998, Hanovre est relié à Berlin par une autre ligne à grande vitesse. Envisagée dès les années 1970, la ligne nouvelle Cologne-Francfort répond alors au besoin urgent de désengorger les deux lignes ferroviaires anciennes saturées qui longent le Rhin.

Le projet est long à concrétiser, suscitant de nombreux débats autour de son tracé. Les Länder, États traversés par la ligne, ont chacun leurs exigences et leurs objections. Le train doit-il desservir Coblence, ville importante sur la rive gauche du Rhin ? Bonn ? La ligne doit-elle longer le fleuve, doublant ainsi la ligne originelle ? En 1989, le gouvernement adopte définitivement un tracé qui évite le Rhin et longe l’autoroute A3. Au nord de Francfort, une branche dessert à l’ouest Wiesbaden, tandis qu’une autre mène au sud-est, vers l’aéroport de Francfort, puis rejoint la ville. La ligne, inaugurée en 2002, prend le nom de Köln- Rhein/Main. Uniquement conçue pour le transport des voyageurs, elle laisse aux deux autres voies existantes le soin d’acheminer le fret et de desservir les petites localités. En 2004, une connexion ferrée reliant l’aéroport de Cologne-Bonn à la ligne Cologne-Francfort est ajoutée. Depuis 2011, les deux villes sont reliées en cinquante-quatre minutes par le train le plus direct. Cette ligne, connectée au réseau vers Dortmund et Munich, est un maillon essentiel du réseau allemand mais aussi du réseau européen, car elle relie Bâle, Bruxelles, Paris et Amsterdam.

Le corridor Rhin-Alpes

La ligne Cologne-Francfort s’insère au coeur du Réseau transeuropéen de transport (RTE-T), vaste programme de développement des infrastructures de transport mis en place par l’Union européenne. Elle est l’une des voies les plus empruntées d’Europe pour le transport des marchandises et constitue un maillon du corridor Rhin-Alpes. Celui-ci relie la mer du Nord, avec les ports de Rotterdam et d’Anvers, à la Méditerranée et Gênes, en passant notamment par la Suisse et Milan.

Cologne-Francfort, le voyage

De la gare principale de Cologne, certains trains rejoignent en quelques minutes l’aéroport Konrad- Adenauer de Cologne-Bonn, en s’enfonçant sous ses terminaux. Nouvel arrêt à la gare de Siegburg/ Bonn, connectée par une voie rapide à Bonn, quelques kilomètres à l’ouest. L’ancienne capitale allemande, remplacée depuis la réunification en 1990 par Berlin, est une ville paisible, attractive pour ses musées et ses églises. Ses festivals de musique classique honorent la mémoire de Beethoven, enfant de la ville. Le train prend sa vitesse de croisière, regardant s’éloigner à regret le Rhin, symbole de l’Allemagne romantique des villages tranquilles, des châteaux perchés sur les coteaux, des clochers élancés. C’est à l’endroit le plus étroit du fleuve que s’élève une falaise rocheuse à pic légendaire, la Lorelei. Ce site chargé de mystère est associé à une nymphe mythique, dont le chant attirait les marins dans les tourbillons du fleuve. Le train file à travers des paysages très vallonnés, entrecoupés de vallées profondes, et passe à proximité du Siebengebirge. Littéralement nommée « les sept montagnes », cette réserve naturelle est destinée à protéger la faune et la flore d’un parc de montagnes couvertes de hêtres et de chênes. Les tunnels se succèdent, les vignobles de Rhénanie strient les vallons, l’eau est partout, sous forme de rivières ou d’étangs. La petite gare de Montabaur est reliée à la ligne, permettant de desservir les localités du Westerwald. Un peu plus loin, à l’est de Limburg, le train franchit la rivière Lahn et s’arrête à Limburg Süd. Les visiteurs apprécieront le vieux centre piétonnier bordé de pimpantes maisons à colombages et sa fameuse cathédrale. Quarante kilomètres plus au sud, la plaine s’installe. À Breckenheim, la ligne se sépare en deux : l’une des voies se dirige vers Wiesbaden à l’ouest, ville d’eau réputée pour ses sources chaudes, et Mayence (Mainz), berceau de Gutenberg, célèbre inventeur de l’imprimerie. L’autre voie, bifurquant vers l’est, conduit le train à la gare souterraine de l’aéroport de Francfort, puis au coeur de la ville.

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Des solutions innovantes

Les conflits juridiques et les problèmes géologiques liés au tracé de la ligne à grande vitesse sont résolus en 1998, et celle-ci est inaugurée en 2002. Le tracé choisi évite les méandres du Rhin et raccourcit le temps de trajet en suivant celui, plus direct, de l’autoroute A3. Il passe néanmoins dans une région de petites montagnes qui impose de fortes déclivités. C’est une des raisons pour laquelle la ligne est réservée aux ICE 3 (Intercity Express 3), une nouvelle génération de rames adaptées à un relief accidenté. Les trains de fret n’y ont pas accès. Longue de 180 kilomètres, la ligne compte trente tunnels – dont le plus long, celui de Schulwald, mesure 4,5 kilomètres – ainsi que dix-huit ponts. Entre Siegburg et l’aéroport de Francfort, les voies ont été réalisées sur des dalles en béton, plus coûteuses en fabrication mais plus économiques en termes d’entretien. Par rapport aux autres lignes mixtes en Allemagne, les rayons de courbes ont été allongés pour permettre aux rames de rouler à 300 km/h.

Pionniers

Les premiers ICE à circuler sur le réseau à grande vitesse n’étaient pas aussi rapides et puissants que leurs successeurs, les ICE 3. L’ICE 1, au nez rectangulaire, a commencé ses trajets en 1991. Il comporte deux motrices encadrant douze voitures au maximum. Sa voiture-restaurant au milieu est reconnaissable à son toit bombé. Lancé en 1996, l’ICE2, plus court et à une seule motrice, permet, au choix, de raccourcir ou de doubler les rames.

Les chemins de fer allemands utilisent un système automatique de contrôle de vitesse (LZB) qui signale les obstacles et provoque un freinage automatique du train. Ce système est peu à peu remplacé par l’ETCS, système européen d’espacement des rames, plus moderne. Quant au contrôle à distance, il est réalisé depuis un poste de contrôle-commande basé à Francfort.

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→ Paysage verdoyant près de Raunheim.

ICE, un train, une ligne

L’ICE (Intercity Express) est la marque des trains à grande vitesse de la Deutsche Bahn. Elle désigne également la ligne commerciale sur laquelle ils roulent. Les rames ICE 1, ICE 2 et ICE-T circulent sur le sol allemand avec l’alimentation classique correspondant au pays. La troisième génération d’ICE a été fabriquée de façon à s’adapter aux quatre systèmes d’alimentation en vigueur en Europe sur le réseau à grande vitesse. Seul l’ICE 3 emprunte la ligne Cologne-Francfort. Les rames ont été développées spécialement pour affronter les fortes déclivités du tracé. Leur forme, dérivée des premiers ICE, se caractérise par un nez plus aérodynamique, et leur livrée arbore un gris clair barré d’un bandeau rouge qui souligne les fenêtres.

Cette nouvelle génération, développée par le groupe industriel Siemens-Bombardier, ne comporte pas de motrice mais une motorisation répartie sur les essieux de l’ensemble de la rame. Elle peut atteindre une vitesse de pointe de 320 km/h. Les conducteurs sont séparés des voyageurs par une simple paroi vitrée. Les ICE 1 ont été dessinés par Alexander Neumeister, designer industriel réputé, tandis que les sièges de couleur gris-bleu et la moquette gris foncé ont été conçus par l’institut Peters à Stuttgart. Les rames comportent toutes une voiture-bar avec un espace de restauration, tandis qu’un service de vente ambulant propose des boissons payantes. Le personnel porte l’uniforme bleu marine des chemins de fer allemands. Les ICE 4, récemment acquis par la DB, vont peu à peu remplacer les trains de première génération. Très confortables, ils sont dotés d’espaces familles, de compartiments jeunes enfants et de sièges plus ergonomiques. La numérisation des billets devient la norme. La réservation n’étant pas obligatoire, le contrôle à bord est systématique. D’autant plus que les quais des trains ICE sont communs avec ceux des autres lignes et que tous les passagers y ont donc accès.

→ L’ICE 3 de la Deutsche Bahn, actuellement le train le plus rapide d’Allemagne.

L’arrivée à Francfort

Signe éclatant de la réussite économique de Francfort, haut lieu de la finance européenne, les gratteciel forment l’arrière-plan high-tech de quartiers pittoresques, aux allures de villages. À chacun son atmosphère, sa population, ses habitudes. Le centre historique se presse autour de la place Römerberg, de ses belles maisons à colombages et de son élégante cathédrale gothique. Dans le quartier universitaire de Bockenheimer, les étudiants se retrouvent dans les bars animés où l’on boit l’Apfelwein, un cidre au goût acidulé. Au sud de la rivière Main, qui traverse la ville, le quartier Sachsenhausen abrite dans ses rues piétonnes de nombreux restaurants et lieux branchés. Ville culturelle active, Francfort, où se tient la plus grande foire professionnelle du livre, est la cité natale de Goethe. Les berges du Main, aménagées en pistes piétonnes, offrent une importante concentration de musées. La gare centrale de Francfort-sur-le-Main – appellation complète de la ville – est le terminus des ICE mais aussi de nombreux trains régionaux. Elle voit passer sur ses quais près de mille trains par jour. Cette gare moderne, à l’architecture néo-gothique majestueuse, dessert plusieurs gares européennes.

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Un impact sur l’Europe

Les liaisons rapides entre deux centres aussi peuplés et industrialisés que Cologne et Francfort ont un impact sur le réseau national mais aussi international. Cologne n’est qu’à quelques heures de la Belgique et des Pays-Bas, et Francfort profite de la grande vitesse pour relier Munich, Nuremberg, Stuttgart, Hambourg et Berlin, mais également Paris ou Leipzig. Sur la ligne Cologne-Francfort ne roulent que les ICE 3, car le réseau n’est pas encore ouvert aux opérateurs étrangers pour des raisons techniques. En effet, du fait de la déclivité importante de la ligne, toutes les rames ne disposent pas de la puissance et de la capacité de freinage suffisantes. Outre la rapidité du parcours, la ligne offre plusieurs avantages aux voyageurs : les aéroports de Cologne et de Francfort, desservis par une gare implantée sous leurs terminaux, sont accessibles en quelques minutes depuis les centres-villes. Par ailleurs, deux nouvelles gares ont été implantées sur cette ligne. Celle de Montabaur, à mi-chemin, a permis de développer cette petite ville, dynamisée par le passage des ICE. À vingt kilomètres au sud, Limburg Süd, dédiée à la ligne ICE, accueille quotidiennement toute une population qui part travailler à Francfort.


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