HELSINKI > ST-PÉTERSBOURG

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2010 | FINLANDE, RUSSIE

Voyage
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Plus d'infos
  • Distance du parcours : 450 km
  • Nom du train : Allegro

Allegro ! Un terme musical bien choisi pour désigner le train à grande vitesse qui parcourt les terres finlandaises et russes entre Helsinki et Saint-Pétersbourg. Sous la neige ou sous un soleil de plomb, l’Allegro, adapté aux températures extrêmes du nord de l’Europe, suit vaillamment son tempo rapide et ponctuel. Ce voyage est l’occasion rêvée pour découvrir la Finlande, terre de lacs et d’immenses forêts de sapins et d’épicéas. Une opportunité pour se rendre en Russie le temps d’une escapade ou d’un séjour prolongé à Saint-Pétersbourg. Car derrière son décor théâtral, ses façades harmonieuses et ses musées exceptionnels, l’ancienne cité des tsars déborde d’une énergie contagieuse.

Au départ d’Helsinki

Capitale de la Finlande, Helsinki déroute les visiteurs par son mélange de styles, témoins de son histoire russe et scandinave. Dans le centre-ville, des rues au tracé impeccable arborent des façades néo-classiques, Art nouveau ou modernistes, tandis que deux cathédrales se répondent d’une colline à l’autre : l’une blanche et luthérienne, l’autre rouge et orthodoxe. Le coeur historique d’Helsinki bat autour de la place du Sénat, tandis que le nouveau centre-ville, conçu sur les rives de la baie de Töölö accueille le palais Finlandia, l’Opéra national, le stade olympique et une étonnante église creusée dans le roc. Les musées sont nombreux et la scène culturelle extrêmement vivante.

Le design, érigé ici en art de vivre, a son quartier à Punavuori, où les nombreuses boutiques côtoient des ateliers d’artistes et des galeries d’art. Le charme de la métropole nordique tient aussi beaucoup à son environnement. Les parcs, les forêts et un archipel comptant plus de 330 îles en font une destination d’exception pour des excursions, hiver comme été. L’imposante gare d’Helsinki est un des édifices Art nouveau emblématique de la ville. Inaugurée en 1919, et considérée, depuis, comme un site patrimonial national, elle est une des oeuvres les plus célèbres de l’architecte finlandais Eliel Saarinen. Striée de grandes ouvertures, elle est en partie tapissée de granit rose-brun, tandis que les quais ont été coiffés en 2001 d’une verrière contemporaine. Une tour en forme de minaret, ornée d’une immense horloge, pointe vers le ciel. De chaque côté de l’entrée, quatre grandes statues solennelles montent la garde, tenant des globes qui s’éclairent la nuit. Cette gare centrale est le point de convergence de nombreuses grandes lignes. Les connexions entre train, bus, tramway, métro et ferry facilitent les déplacements dans la capitale et à l’extérieur.

Histoire

Le réseau finlandais a plus de cent cinquante-cinq ans. En 1862, le premier train circule entre Helsinki et Hämeenlinna, située à cent kilomètres au nord de la capitale. Huit ans plus tard, la première liaison ferroviaire voit le jour entre la Russie et la Finlande à la demande du tsar Alexandre II, également grand-duc de Finlande. À cette époque, le train parcourt les quelque 400 kilomètres en quatorze heures. Tout au long du XXe siècle, la Finlande étend son réseau ferré du sud au nord et modernise ses voies. La liaison Helsinki-Saint-Pétersbourg est raccourcie en 2006, à l’occasion de l’ouverture de la nouvelle ligne directe entre Kerava et Lahti. La Russie et la Finlande décident alors de relier les deux métropoles par une ligne à grande vitesse. La compagnie nationale des chemins de fer finlandais VR et son homologue russe, la RZD, mettent en place le projet et créent la société Karelia Trains, filiale commune qui exploite le service ferroviaire international entre les deux pays. Un contrat est signé pour l’achat de rames Pendolino. Une nouvelle ère s’ouvre pour la ligne Helsinki- Saint-Pétersbourg. En décembre 2010, l’Allegro remplace définitivement les trains finlandais Sibelius et russes Repin qui effectuaient jusqu’alors les allers et retours entre la Russie et la Finlande. La ligne Helsinki-Saint-Pétersbourg fête son 150e anniversaire en 2020.

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Helsinki-Saint-Pétersbourg, le voyage

Après avoir quitté la gare centrale, l’Allegro se dirige vers le nord de la capitale finlandaise. Le quartier de Pasila, à trois kilomètres du centre d’Helsinki, est devenu en quelques années un centre d’affaires très attractif pour de nombreuses entreprises qui ont établi leur siège dans des tours-bureaux, ou dans la zone réservée aux start-up. Mise en service en 2019, la nouvelle gare de Pasila est directement reliée à l’immense centre commercial édifié à ses côtés. Le train s’arrête à la gare de Tikkurila, dans le quartier Vantaa. Des trains navettes en partent toutes les dix minutes pour desservir l’aéroport Helsinki- Vantaa. Le lieu est connu pour abriter la cité des sciences Heureka, qui propose au grand public une initiation aux phénomènes scientifiques. À Kerava, l’Allegro emprunte la nouvelle ligne ferroviaire jusqu’à Lahti.

Implantée à l’extrême sud du lac Vesijärvi, la ville offre plusieurs visages. Son port de plaisance accueille des bateaux-bars et une jetée bordée de restaurants. Très connue des amateurs de ski, elle possède trois tremplins visibles de loin, utilisés chaque année durant l’épreuve de Coupe du monde de sports d’hiver. Lahti est également une ville éprise de musique qui propose des concerts et des spectacles de grande qualité. Après Lahti, le train bifurque plein est à travers des paysages typiquement finlandais : forêts, lacs, marais, rivières, campagne verdoyante l’été, tapissée de neige l’hiver. En arrivant à proximité de la frontière russe, le train traverse la rivière Kymi, et une halte à Kouvola permet d’aller découvrir la région des lacs, entrecoupée de forêts, d’étangs et de falaises. À Vainikkala, le train franchit la frontière. Nous voilà en Russie. Forêts de pins, lacs, îles, rivières… la ligne rejoint Vyborg, jolie ville qui fut successivement suédoise, finlandaise puis russe. Bâtie sur l’isthme de Carélie, au bord du golfe de Finlande, elle a conservé un coeur ancien bordé de rues étroites et un château, unique forteresse médiévale de Russie, que l’on aperçoit par la fenêtre. Moins d’une heure plus tard, le train entre dans Saint-Pétersbourg.

Passagers et fret

La ligne ferroviaire d’Helsinki à Saint-Pétersbourg est empruntée aussi bien par les trains de voyageurs que les trains de fret. Kouvala, carrefour important en Finlande, abrite le Cargo East Terminal (CET), qui stocke les produits destinés à l’exportation, et sert de centre d’import-export pour les livraisons entre la Finlande, les pays de l’Union européenne et de la Communauté des États indépendants.

Des trains adaptés aux deux pays

Afin d’améliorer le temps de parcours sur la ligne Helsinki-Saint-Pétersbourg, un nouveau tronçon a été inauguré en 2006 entre Kerava (au nord d’Helsinki) et Lahti. Long de 74 kilomètres, il raccourcit le trajet de 26 kilomètres par rapport à la ligne conventionnelle et fait gagner près de quarante minutes. Empruntant le même couloir que l’autoroute, ce tronçon limite les impacts environnementaux. Il comporte de nombreux ponts, dont un viaduc de 559 mètres, et de multiples tranchées creusées dans la roche. Le système à double voie permet aux Allegro comme aux trains de fret d’y circuler. Toutes les autres voies existantes de la ligne Helsinki-Saint-Pétersbourg ont été réadaptées et réaménagées au niveau de la signalisation et des aiguillages. Les passages à niveaux ont été supprimés.

Infrastructure

Cette ligne utilisant majoritairement des infrastructures anciennes, l’emploi du système d’inclinaison via le Pendolino a permis d’optimiser le temps de parcours en remédiant aux contraintes de la ligne, et tout particulièrement ses courbes prononcées. En outre, la Finlande poursuit un programme permanent d’amélioration de ses infrastructures.

Les trains circulent à une vitesse maximale de 220 km/h en Finlande, 200 km/h en Russie. D’importants investissements ont été affectés à la mise en circulation d’une nouvelle génération de trains, les Pendolino Sm6, baptisés « Allegro ». Ces trains fabriqués par Alstom sont équipés d’une technologie de pointe permettant de rouler sur les deux réseaux sans marquer d’arrêt. Leur système bicourant les autorise à fonctionner avec deux types d’alimentation électrique et évite ainsi le changement de locomotive à la frontière, où tous les trains devaient s’arrêter autrefois. De plus, l’Allegro est équipé d’un système de signalisation radio et de sécurité très performant. Dérivé des premières rames italiennes Pendolino utilisées sur le réseau finlandais, le Sm6 peut aborder des courbes à une vitesse constante de 30 % supérieure à celle des trains classiques, grâce à son système spécifique d’inclinaison des voitures qui n’affecte en rien le confort des voyageurs. Devant les portes des Allegro, les marches rétractables s’adaptent à la hauteur des quais des deux pays qui varient du simple au double : 55 centimètres en Finlande et 110 centimètres en Russie.

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→ L’Allegro sous la neige en Russie.

Des trains du froid chaleureux

Les couleurs vives et gaies de l’Allegro s’accordent par faitement à la musicalité de son nom. Bleu et blanc, aux couleurs du drapeau national finlandais, symbolisant les lacs et la neige ; blanc, bleu et rouge, inspirés du drapeau russe adopté du temps de Pierre le Grand. Et comment ne pas voir des portées musicales dans les rayures graphiques bleues et rouges qui courent le long des rames ? L’Allegro est adapté aux conditions climatiques extrêmes : 45 °C l’été et jusqu’à – 50 °C l’hiver. Il est équipé de doubles vitrages et d’un puissant système de chauffage et de climatisation. En milieu de voiture, deux cheminées verticales apposées sur chaque face latérale soufflent de l’air chaud sous le châssis pour réduire l’accumulation de neige et de givre. Trois cent quarante-quatre voyageurs peuvent monter à bord des sept voitures de l’Allegro.

Hormis les équipements traditionnellement présents dans les trains à grande vitesse, des places spéciales sont réservées aux personnes à mobilité réduite et aux voyageurs accompagnés d’animaux. L’Allegro abrite également un compartiment dédié aux conférences et une aire de jeu pour les enfants, la première du genre dans ce type de train. Une voiture-restaurant, le « Bistro Allegro », propose des plats et des produits typiques de Russie et de Finlande. Le billet de première classe inclut dans son tarif un snack, des journaux et une boisson. Les chefs de train parlent finnois, russe et anglais. Le visa est obligatoire avant de monter à bord et les formalités douanières sont effectuées pendant le voyage. Finies les attentes à la frontière. On peut aussi changer de l’argent et se faire rembourser les taxes des articles dédouanés. Depuis l’été 2018, quatre nouveaux trains Allegro entiè rement relookés font la liaison Finlande-Russie. La compagnie des chemins de fer finlandais (VR) a modernisé leur design extérieur et intérieur, s’inspirant de la modernité des deux capitales reliées par le train. Les voitures arborent des couleurs chaudes – du cuir ambré en première classe –, et des matériaux de grande qualité. La voiture-restaurant, l’aire de jeux pour enfants, la cabine conférence… tout a été repensé pour le plaisir du voyageur et dans le respect de l’environnement.

→ La cathédrale Saint-Isaac et la rivière Neva à Saint-Pétersbourg. i!Le Palais d’hiver à Saint-Pétersbourg.

L’arrivée à Saint-Pétersbourg

À Saint-Pétersbourg, le nom de la gare affiche la provenance du train : Finlandski, gare de Finlande reconstruite en 1970 dans un style purement soviétique. La statue de Lénine, placée à l’extrémité de l’édifice, lui confère une dimension historique. En effet, le révolutionnaire débarqua ici en 1917, après dix-sept années d’exil en Suisse, et y prononça un long discours devant une foule conquise. Sur l’un des quais de la gare, une locomotive exposée sous verre témoigne du retour du leader communiste au pays pour lancer le mouvement de la révolution d’Octobre. Prendre la ligne 1 du métro est l’occasion d’admirer les magnifiques stations ornées de mosaïques, de sculptures et de bas-reliefs. Au sud de la gare, un pont franchit la Neva et mène au palais de Tauride entouré de charmants jardins, ou au couvent de Smolny, dont les dômes et les bulbes dorés de la cathédrale baroque attirent le regard.

En quittant la gare vers l’ouest, on peut traverser le pont Sampsonievsky pour goûter le vent du large. Sur les quais Petrovskaya se tient la maisonnette de Pierre le Grand, le fondateur de la ville, dans laquelle il vécut six ans, le temps de voir édifier sa nouvelle capitale. Plus bas stationne le croiseur Aurora, cuirassé légendaire de la guerre russojaponaise. On ne manquera pas la forteresse Pierre-et-Paul, posée sur une île de la Neva, site incontournable de Saint-Pétersbourg, ni l’avenue Kamennoostrovsky et ses superbes maisons de style Art nouveau.

Les avantages d’une ligne russo-finlandaise

La mise en circulation de l’Allegro a diminué de moitié la durée du trajet entre Helsinki et Saint-Pétersbourg. Il a transporté 307 500 passagers sur l’année 2011, soit beaucoup plus que l’objectif initial. Le pic du trafic se situe aux alentours des vacances d’été, les Russes aimant venir passer ces moments en Finlande, et tout particulièrement en Laponie. Rançon du succès, le train est vite complet et il faut réserver sa place à l’avance. Les Russes sont en effet nettement plus nombreux à prendre l’Allegro qu’ils ne l’étaient pour l’ancien train, le Sibelius. La rapidité du trajet, le confort et le fait que les agents à bord parlent russe et finlandais ont rendu le voyage attractif. Le train Allegro réalise quatre départs par jour entre Helsinki et Saint-Pétersbourg. Les Finlandais font parfois l’aller et retour dans la journée pour affaires.

Mais l’ancienne capitale des tsars fascine aussi les voyageurs du monde entier. Avec cette liaison parcourue en trois heures trente, l’Allegro dispose d’atouts majeurs vis-à-vis de la concurrence. Le bus, meilleur marché, est moins confortable et deux fois moins rapide. La voiture allonge le trajet d’une heure, et exige des formalités à la frontière. Quant à l’avion, les tarifs proposés sont élevés. Et si le temps de vol n’est que d’une heure trente, la distance en métro, de l’aéroport au centre-ville, le rend moins avantageux que le train. Enfin, ce train rapide dessert plusieurs villes de Finlande, notamment dans l’agglomération d’Helsinki, et facilite ainsi les déplacements des Finlandais. De multiples possibilités permettent d’effectuer des correspondances vers d’autres villes du pays via des trains régionaux ou longue distance.


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