BOSTON > WASHINGTON DC

flag

2000 | ÉTATS-UNIS

Voyage
journey
Plus d'infos
  • Distance du parcours : 734 km
  • Nom du train : Acela Express

Boston, New York, Washington, les grandes villes de la côte Est américaine évoquent la puissante Amérique, la terre promise des émigrants anglais qui débarquèrent du Mayflower au XVIIe siècle pour s’y établir durablement. Métropoles économiques, culturelles et politiques tournées vers l’avenir, elles reflètent, chacune à sa manière, l’histoire des États-Unis. Élément fort et mythique de la conquête de l’Ouest au XIXe siècle, le train a perdu par la suite son pouvoir d’attraction face à l’avion et la voiture, symbole de l’american way of life après la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, grâce à l’Acela Express qui parcourt plusieurs fois par jour les 734 kilomètres entre Boston et Washington, le transport ferroviaire a repris des galons. Baptisée Northeast Corridor, cette ligne dessert la partie la plus peuplée des États-Unis et est la seule aujourd’hui à accueillir un train à grande vitesse sur le territoire américain.

Au départ de Boston

C’est au sud de Boston, à Plymouth, qu’ont débarqué en 1620 les Puritains, premiers colons européens, sur le sol du « Nouveau Monde ». Fief historique des États-Unis, la capitale du Massachusetts est aussi son coeur économique et culturel. Dans le centre-ville, la ligne rouge du Freedom Trail relie seize sites historiques majeurs retraçant les grandes étapes de l’indépendance américaine. Boston est composée d’une mosaïque de quartiers tous différents : celui des affaires et ses gratte-ciel ; Downtown et ses boutiques ainsi que ses terrasses de restaurants animées ; Beacon Hill et ses ruelles huppées bordées de maisons de brique fleuries, éclairées la nuit au bec de gaz ; le Fenway, grand parc agrémenté de musées d’art ; Chinatown, ou encore Cambridge et ses prestigieuses universités, Harvard et le MIT, fréquentés par l’élite scientifique et intellectuelle du pays.

À deux pas du centre-ville, South Station est le terminus du Northeast Corridor. Gare historique édifiée en 1898, elle a été rénovée en 1989. Son élégante entrée arbore une façade courbe, dotée de nombreuses fenêtres et de colonnades, typique de l’architecture néo-classique de la région. Son horloge, que l’on remonte encore à la main, est une réplique de Big Ben. Desservie par l’Acela Express et les trains régionaux, elle accueille tous les ans des événements divers, des expositions ou des concerts.

Northeast Corridor

Le terme même de grande vitesse apparaît aux États-Unis dans le High Speed Ground Transportation Act en 1965. Quatre ans plus tard, un train express, le Metroliner, circule entre Washington et New York à la vitesse maximale de 200 km/h. Dans les années 1980, cinq lignes potentielles sont identifiées pour la grande vitesse, mais les investissements alloués au ferroviaire sont faibles en comparaison de ceux dédiés aux autoroutes et à l’avion. Le Northeast Corridor, qui relie aujourd’hui Boston à Washington, est à l’origine une succession de lignes construites par différentes compagnies qui ont progressivement fusionné. En 1971, Amtrak, entreprise publique de chemin de fer américain, est créée et acquiert la majorité de ces lignes, qu’elle partage avec les trains de fret appartenant à des compagnies privées. Dans les années 1990, Amtrak s’attaque à transformer la liaison Boston-Washington en ligne à grande vitesse et décide de l’équiper d’un train plus rapide. Le consortium formé par le Français GEC-Alstom et le Canadien Bombardier remporte l’appel d’offres. En 2000, les premiers Acela Express circulent à une vitesse commerciale pouvant atteindre 240 km/h.

Pic
Pic
Pic
Pic

Boston-Washington, le voyage

Le train quitte Boston et la beauté sauvage des côtes du Massachusetts. Dans l’État de Rhode Island – le plus petit des États-Unis –, le train trace sa route directement vers Providence à travers une verte campagne. Située au creux de la baie de Narragansett, cette agréable ville aux rues pavées est bordée de maisons victoriennes. La ligne longe la côte sud du Connecticut. Beaucoup de voyageurs s’arrêtent à Mystic Seaport, ancien centre de construction navale qui offre aujourd’hui le visage d’une petite ville-musée portuaire avec ses maisons modestes, ses boutiques et ses bateaux, dont un baleinier du milieu du XIXe siècle. Suivant les eaux protégées du détroit de Long Island, le train passe par New London, qui fut l’un des principaux ports de pêche à la baleine.

À New Haven, on tombe sous le charme du campus de l’université Yale, bordé de maisons victoriennes en briquettes rouges et d’édifices en pierre néo-gothiques, de musées et de galeries d’art. Le train fait une halte à New Rochelle – La Nouvelle-Rochelle –, cité créée par les protestants français fuyant leur ville éponyme d’origine. Elle est parsemée de parcs, de petites îles, de forêts et de prairies. Puis c’est l’arrivée à Penn Station, au coeur de Manhattan, l’arrondissement le plus emblématique de New York. La ligne s’étire ensuite dans le New Jersey, dont les paysages alternent entre cultures, forêts de pins et villes high-tech. Elle fait une courte apparition en Pennsylvanie avec une halte à Philadelphie, métropole à dimension humaine qui propose aux visiteurs un centre-ville émaillé de jolies places et de ruelles pavées. L’ancienne capitale du Nouveau Monde abonde en musées témoignant du rôle prépondérant de la ville durant la guerre d’Indépendance : c’est notamment ici que fut signée en 1776 la Déclaration d’indépendance des États-Unis. Plus au sud, Wilmington, cité paisible du Delaware, est une base idéale pour explorer la Brandywine Valley, ses jardins botaniques exceptionnels, ses parcs et ses immenses demeures. Un long tunnel signale l’arrivée à Baltimore. Cette agglomération portuaire de la côte Est séduit par son front de mer et son port intérieur très attractif, Inner Harbor, un complexe rénové dans les années 1970 et entouré, entre autres, d’un musée maritime et d’un aquarium abrité dans un insolite paquebot de verre. La gare de Baltimore de style Beaux-Arts (1911), baptisée elle aussi « Penn Station », est immanquable avec, trônant sur son parvis, une immense sculpture en aluminium intitulée Male/Female. Un dernier arrêt à l’aéroport Baltimore- Washington (BWI) et le train entre dans Union Station, à Washington.

→ Un Acela Express quittant la gare de New London.

Une ligne adaptée

L’Acela Express partage la ligne conventionnelle Boston-Washington avec les trains de marchandises qui circulent surtout la nuit et les trains de banlieue. Malgré de nombreuses rénovations, et notamment l’électrification de toute la ligne, l’exploitation à grande vitesse du Northeast Corridor reste contrainte par son réseau historique construit au XIXe siècle et la traversée des agglomérations dont la densité est la plus forte des États-Unis. Ainsi, cette ligne permet aux Acela Express de réaliser des pointes à 240 km/h sur le tronçon Boston-New York (215 km/h au sud de New York), mais sur le reste, les trains roulent à une moyenne de 132 km/h. Parmi les ouvrages d’art emblématiques, le Hell Gate Bridge est l’un des plus anciens. Édifié au début du XXe siècle, il est reconnaissable à sa belle arche en acier rouge encadrée de deux tours. Ses trois voies franchissent l’East River sur 310 mètres pour relier le Queens et Wards Island, dans l’arrondissement de Manhattan. Le Hell Gate Bridge a inspiré d’autres architectes pour la construction de ponts à Sydney en Australie, ainsi qu’à Newcastle et Gateshead en Angleterre.

Amtrak

Amtrak tire son nom de la contraction des mots « America » et « track » (voie ferrée). Le Northeast Corridor est l’une des zones les plus importantes de son réseau, puisqu’un tiers de son chiffre d’affaires y est réalisé. L’entreprise emploie plus de 20 000 salariés. Le réseau ferré national s’étend sur près de 35 000 kilomètres et dessert plus de 500 destinations, dont 46 États sur le territoire national.

Pic
Pic
Pic
Pic

Projets en suspens

En 2008, le Président Barack Obama cherche à donner une impulsion au développement de la grande vitesse aux États-Unis, en promettant un investissement fédéral important sur cinq ans. L’objectif est de proposer des trains roulant à une vitesse maximale de 350 km/h. Un plan stratégique est adopté pour doter le pays d’un réseau ferroviaire reliant les principales villes des États-Unis, créer des emplois et réduire les émissions de gaz à effet de serre. Le projet est lancé en 2009. Il propose dix nouveaux couloirs, de la Californie à la Floride, et divers types de financement. Mais les États concernés, endettés par la crise financière, n’ont pas les ressources nécessaires pour donner corps à cette belle ambition et se contentent parfois seulement de moderniser les lignes existantes. En 2010, les Républicains du Congrès réduisent le budget fédéral pour les nouvelles infrastructures.

→ Le pont ferroviaire de la rivière Susquehanna au Havre de Grace dans le Maryland.

L'Acela Express

Marque d’Amtrak, Acela tire son nom d’une fusion entre excellence et accélération. L’Acela Express a été mis en service entre Boston et Washington en 2000 et c’est, pour l’instant, l’unique train à grande vitesse en exploitation sur l’ensemble du continent américain. Fabriqué par Bombardier et Alstom, il s’est adapté au réseau existant et sa vitesse de pointe atteint 240 km/h sur certains tronçons. Les motrices aux extrémités encadrent neuf voitures au gabarit américain plus large qu’en Europe. Le système de pendulation, mis au point par Bombardier, autorise une vitesse plus élevée dans les courbes parfois prononcées, tout en améliorant le confort des voyageurs.

Le bleu est la couleur dominante à l’intérieur des voitures. En première classe, un repas est proposé à chaque voyageur. Pour pallier la saturation du Northeast Corridor, une nouvelle génération de train à grande vitesse verra le jour en 2021- 2023, l’Avelia Liberty. Commandées en 2016 à Alstom, les vingt-huit rames pendulaires à un niveau présentent un système d’inclinaison innovant qui permet d’aborder les courbes à plus vive allure. Elles rouleront sur certaines sections à près de 300 km/h. Les temps de trajet seront donc réduits, et les dessertes plus fréquentes. Économiques, légères, ces rames consomment moins d’énergie. Leurs deux motrices, compactes, sont dotées d’une structure anticollision réduisant l’impact en cas de choc.

→ Un Acela Express près de la gare de Harrison à Newark dans le New Jersey.

New York, à mi-chemin

En plein centre de Manhattan, Penn Station est au coeur des transports new-yorkais. Cette immense gare souterraine cachée sous le complexe du Madison Square Garden, accueille les grandes lignes, les lignes régionales et le métro. La destruction, en 1964, du bâtiment ferroviaire édifié en 1910, scandalisa les New-Yorkais à tel point que Grand Central fut aussitôt classé monument historique pour ne jamais connaître le même sort. Véritable ruche aux heures de pointe, la gare est un labyrinthe. Aussi, Amtrak propose aux voyageurs une application mobile, FindYourWay, pour les aider à trouver leur chemin. En partie bâtie sur un archipel veillé par la statue de la Liberté, New York City est une halte incontournable de la côte Est. Le monde entier se retrouve dans cette ville cosmopolite unique, habitants et visiteurs confondus. Éclectique, inventive, festive, New York est la ville des extrêmes aux inépuisables ressources. Son paysage urbain, tracé au cordeau, est un perpétuel étonnement. La ville aux cent cinquante musées, dont l’exceptionnel Metropolitan Museum of Art, est aussi le royaume du shopping, de l’art contemporain, des affaires et des spectacles. Quartiers luxueux, bourgeois, étudiants, bohèmes se superposent, tandis que Central Park, poumon de la ville, repousse les gratte-ciel derrière un épais rideau d’arbres.

Pic
Pic
Pic

L’arrivée à Washington

Union Station, gare terminus, est un très bel édifice aux allures de temple romain. Son grand hall, coiffé d’une voûte lumineuse et jalonné d’arches qui surplombent des statues et des colonnades, est impressionnant. Granit blanc, marbre et feuilles d’or composent un décor fastueux. Édifiée en 1908 dans le style Beaux-Arts, la gare a été complètement restaurée en 1988. Elle abrite un grand centre commercial, des salles de cinéma, et accueille de nombreux événements culturels. Capitale des États-Unis, Washington en impose avec ses larges avenues et ses espaces verts. Aucun gratte-ciel ne vient occulter l’horizon. La ville offre deux visages.

Le premier, un peu sévère, aligne des monuments hiératiques : la Maison Blanche, le Capitole qui domine la ville – avec à ses pieds la plus grande bibliothèque du monde, la Library of Congress – et les mémoriaux nationaux en souvenir des fondateurs et anciens Présidents des États-Unis. Le second est plus chaleureux, avec ses quartiers bohèmes – Adams Morgan et Dupont Circle –, ses rues pavées, les élégantes maisons de Georgetown, ses bars accueillants et ses lieux branchés. Une balade sur le Mall est le parcours obligé d’un séjour à Washington. Sur cette immense avenue arborée et piétonne de 3 kilomètres de long, qui relie le Capitole et le mémorial Lincoln, s’élèvent les musées les plus prestigieux de la ville.

Le train face à l’avion

À raison d’un trafic d’une cinquantaine de trains par jour, la ligne Boston-Washington est très fréquentée. L’Acela Express a permis au chemin de fer américain de revenir en force face à l’automobile et l’avion. Des horaires plus fréquents et des temps de trajet plus courts ont incité de nombreux passagers à préférer le train à l’avion. Entre New York et Washington, le transport ferroviaire capte aujourd’hui 75 % de parts de marché, contre 25 % pour l’aérien. Le plan d’investissement destiné à bâtir une véritable ligne à grande vitesse sur cet axe, à l’horizon 2040, verra-t-il le jour ?


une sélection de Lignes à Grande Vitesse
par date de création

Une sélection de Lignes à Grande Vitesse par pays